I. Contexte général

Les patch-tests sont l’un des tests les plus utilisés lorsqu’il s’agit de tolérance primaire. En effet c’est un test simple et rapide attestant de la tolérance cutanée. Pour cela, des patchs sur lesquels sont déposés les produits à tester sont collés au niveau de la zone scapulaire de volontaires.

Les premières études de patch-tests ont été décrites en 1895 par le dermatologue allemand Josef Jadassohn (1). Et depuis, ils sont restés LA référence en matière de diagnostic de la dermatite allergique de contact. Leur application a dans un premier temps été médical puisqu’ils servaient aux dermatologues et allergologues. Encore à l’heure actuelle, ils constituent la seule preuve scientifique de la dermatite de contact allergique. Les patch-tests ont été la source de débat comme de nombreux autres tests, en effet, il n’y a pas vraiment de consensus en termes de protocole bien que des points communs subsistent selon les avis. Des études de patchs tests comparatives ont été menées dans le but de développer un protocole optimal. Dans les paramètres discutés, on pouvait retrouver : la taille des filtres, le matériau utilisé, le temps d’exposition et le temps de lecture.

A. Taille des filtres et matériau utilisé

Si l’on s’intéresse à la taille du patch, il peut être de 8 mm ou 12 mm de diamètre, sachant que la forme peut être ronde ou carrée. Lorsque la taille est plus importante, on peut déposer une quantité de produit supérieure, ce qui permet dans certains cas de révéler des réactions là où il n’y en avait pas sur un patch de taille inférieure. Concernant le matériau, nous avons le choix entre un papier filtre semi-occlusif ou une cupule en aluminium occlusive. Il a été démontré que l’occlusion pouvait intensifier les éventuelles réactions d’autant plus que certaines personnes peuvent présenter des sensibilités à l’aluminium (2).

 

B. Temps d’exposition et de lecture

Si l’on prend le temps d’occlusion, il était initialement de 24 heures dans les travaux pionniers du Dr Joseph Jadassohn, mais 48 heures est désormais devenu la norme dans le domaine afin d’éviter une perte significative de réactions positives. Pour le temps de lecture, il y en a une première le jour du retrait des patchs mais les médecins estiment cela insuffisant et préconisent une lecture 24h à 48h après le retrait du patch (3).

 

C. Choix chez Cosmepar

Chez Cosmepar, nous utilisons par défaut des patchs en filtre papier sauf demande spécifique de tests occlusifs. En effet, l’aluminium peut causer certaines réactions là où les papiers filtres non. Le temps d’exposition est de 48 heures et la lecture des résultats se fait 30 minutes après le retrait du patch. Ces 30 minutes sont essentielles car elles permettent de laisser le temps à la peau de dérougir après l’arrachage mécanique du patch. Ce temps d’attente peut venir à être augmenté notamment en cas de peaux particulièrement sensibles. Une lecture unique à 48h est effectuée car en cosmétique, nous sommes dans le cas d’une irritation liée au produit, ce procédé est donc immédiat contrairement au phénomène de sensibilisation qui peut arriver plus tard. Également, une deuxième lecture entrainerait probablement la perte d’information sur les irritations, les réactions étant directement liées au produit appliqué, celles-ci disparaissent dans les heures suivant le retrait du patch.

II. Lecture des résultats

Le principe réside en un recueil d’observations des réactions dans le dos des volontaires suite à l’application de produits cosmétiques.

La première étape est de vérifier qu’il n’y ait pas de réactions au témoin, si c’est le cas nous pouvons poursuivre la lecture, sinon les résultats ne seront donc pas pris en compte pour ce.tte volontaire.

L’étape suivante réside en l’observation d’éventuelles réactions : érythème (principalement) ou œdème (rarement) (4). Grâce à une échelle validée par un dermatologue et décrite dans la littérature, nous venons alors classer l’intensité de ces réactions. Sur cette échelle, nous venons à graduer l’intensité d’un niveau ?+ qui correspond à une réaction douteuse ou très légère à un niveau +++ correspondant à une réaction très intense. Cette échelle vaut pour les érythèmes mais aussi pour les œdèmes.

 

Vous l’aurez compris, la lecture des résultats réside donc en une expérience visuelle et dermatologique de la zone scapulaire. Il peut donc y avoir des variations inter-individuelles quant aux résultats observés. C’est pourquoi chez Cosmepar, les personnes habilitées à la lecture des résultats effectuent régulièrement des lectures de groupes afin de maintenir la compétence en limitant la variabilité.

Mais attention, pas de panique ! Les réactions sont très rares et la plupart de celles observées en laboratoires sont minimes voire douteuses. Ces dernières auront donc très peu d’influence sur la conclusion.

III. Conclusion et envoi des rapports

Une fois les données collectées, nous faisons la somme des réactions obtenues pour chaque produit par volontaire (IIV = Indice d’irritation par volontaire), et rapportons cela au nombre de panelistes (IIM = Indice d’irritation moyen).

Grâce à cet indice d’irritation moyen, nous obtenons le potentiel irritant d’un produit en comparant ce score avec une grille définie au laboratoire. A l’issu de cela, nous pouvons conclure sur la tolérance primaire du produit testé.

La suite vous la connaissez, les rapports vous sont transmis sur l’outil de gestion LIMS le vendredi après la session de patch-tests.

IV. Perspectives et évolution des résultats de patch-tests

Pour finir avec une petite ouverture sur les perspectives de lecture des résultats, le laboratoire COSMEPAR innove actuellement et développe une méthode de traitement des données standardisée et informatique grâce à des prises de vues de la zone scapulaire. Peut-être vous en dira-t-on plus dans les prochains mois …

Et voilà, vous devriez êtes capables de déchiffrer vos rapports de patchs ou en tout cas de mieux comprendre vos résultats !

Si vous avez encore d’autres questions ou souhaitez tester vos produits, contactez-nous à l’adresse adv@cosmepar.fr !

Bibliographie

  1. Falto-Aizpurua LA, Griffith RD, Nouri K. Josef Jadassohn: A Dermatologic Pioneer. JAMA Dermatol. 1 janv 2015;151(1):41.
  2. Wolf R, Orion E, Ruocco V, Baroni A, Ruocco E. Patch testing: facts and controversies. Clin Dermatol. 2013;31(4):479‑86.
  3. Uyesugi BA, Sheehan MP. Patch Testing Pearls. Clin Rev Allergy Immunol. févr 2019;56(1):110‑8.
  4. Kumar P, Paulose R. Patch Testing in Suspected Allergic Contact Dermatitis to Cosmetics. Dermatol Res Pract. 9 sept 2014;2014:e695387.